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Forum d'échanges
Les leçons à tirer d’une analyse spatiale des sites avec permis d’appareils loterie vidéo
Méthodologie
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Avec le développement récent des systèmes d’information géographique, il est désormais possible d’évaluer l’accessibilité des services de façon beaucoup plus précise, en prenant en compte par exemple la configuration du réseau routier. C’est l’approche qu’Éric Robitaille et son collaborateur Patrick Herjean ont utilisée pour étudier l’accessibilité des sites détenant des permis d’appareils de loterie vidéo (ALV) dans la région de Montréal et ce sera le thème de sa présentation, le 18 septembre prochain à la première conférence de géomatique en santé publique. Cette analyse spatiale a démontré une plus grande accessibilité aux jeux de loterie vidéo dans les zones socioéconomiquement défavorisées.
Le fait d’inclure la configuration du réseau routier dans cette étude a donné des résultats très précis. Par exemple, au centre-ville de Montréal et dans les quartiers avoisinants, il est généralement possible d’accéder à un site détenant un permis d’ALV en trois minutes de marche. Par comparaison, le temps de marche moyen nécessaire afin d’accéder à un site du genre est de neuf minutes pour l’ensemble de la région étudiée. En périphérie, par contre, l’accès à pied à ce type d’établissement est pratiquement nul même si, aux abords des grands axes routiers, certains regroupements de sites détiennent des permis d’ALV. Le lien entre l’accessibilité à pied aux sites détenant de tels permis et la vulnérabilité socio-économique des milieux est donc établi.
L’utilisation d’unités de voisinage dont la superficie est relativement petite a en outre permis de faire ressortir la dimension rectiligne de la distribution spatiale des sites détenant des permis d’ALV. C’est une association que les différents responsables de la santé publique devront prendre en considération pour l’élaboration de programmes de lutte contre le jeu pathologique.
Dans cette recherche, l’apport des systèmes d’information géographique a été considérable, et ce, depuis l’examen préliminaire du problème, en passant par les analyses et jusqu’aux activités de transfert de connaissances. Les chercheurs qui l’ont réalisée sont persuadés que cet outil d’information numérisée sera de plus en plus utilisé dans le domaine de la recherche en santé publique.
Pour visualiser la carte en format pdf [3.2 meg]
Des résultats à mettre en action
Au printemps dernier, à l’ACFAS, Martine Painchaud de la Coalition québécoise sur la problématique du poids a fortuitement profité de la présentation du chercheur Yan Kestens à l’ACFAS. Elle a réussi un coup double : faire part aux journalistes de la position de la coalition sur le sujet et prouver aux commissions scolaires qu’elle pouvait être leur alliée. Selon l’étude de Yan Kestens, la restauration rapide foisonne dans le paysage alimentaire autour des écoles montréalaises et, surtout, dans les secteurs défavorisés. La Coalition réclame l’interdiction de tout nouvel établissement de restauration rapide à proximité des écoles. L’exemple illustre bien le lien entre recherche et action. Tous n’ont pas le même culot que Martine Painchaud, mais le 5 juin dernier, à la rencontre Recherche en actions, plusieurs participants ont pu échanger sur la possibilité d’enligner la recherche en santé et en aménagement urbain sur l’action. (télécharger un pdf du programme)
Organisée conjointement par le Centre Léa-Roback et le secteur Environnement urbain et santé de la Direction de santé publique de Montréal, la rencontre a réuni plus d’une trentaine de personnes. Le scénario de la journée faisait alterner la présentation de travaux de recherche et les commentaires d’un acteur sur le terrain, soit fonctionnaire, coordonnateur d’organisme,ou consultant, chargé d’illustrer les applications dans leurs domaines respectifs.
La recherche en tant qu’outil de consultation, de pression et d’exploration
Utilisée par la post-doctorante Sylvie Miaux pour détecter l’impact de l’environnement urbain sur la marche, la méthode de l’itinéraire lui a permis de suivre des sujets tout en filmant le trajet et en enregistrant leurs commentaires. M. Jean-François Viau, de l’Office de consultation publique de la Ville de Montréal, estime que cette méthode de recherche pourrait servir d’outil de rencontre entre la population et les décideurs. Selon M. Viau, des témoignages de ce genre pourraient compléter les études à caractère technique sur lesquelles reposent bon nombre de décisions. Il ajoute qu’il faudrait convaincre les élus de la pertinence de recourir à ce mode de consultation avant de prendre une décision. (télécharger la présentation PowerPoint [7 Megs])
À la suite de Gilles Sénécal de l’INRS qui présentait un aperçu de ses travaux en cours sur les Tables de quartier, Geneviève Giasson du Développement social de la Ville de Montréal a expliqué que la Ville cherchait notamment à connaître la manière dont ces Tables fonctionnent et leur influence sur l’appareil municipal. Financées par la Ville, la Direction de santé publique et Centraide, les Tables de quartier existent dans 19 quartiers montréalais. Dans cet espace de concertation, siègent les représentants des organismes du quartier, des secteurs privé et public et des citoyens. On y traite de tous les enjeux urbains indissociables de la réalité quotidienne de la population, touchant aussi bien la vie sociale et communautaire que le loisir ou l’aménagement du territoire et la santé.
Lise Gauvin a traité de l’influence du contexte urbain sur la pratique de la marche. Marie Demers du Conseil de la science et de la technologie du Québec a tenu à souligner la complexité d’une question pourtant bien simple en apparence et la portée multidimensionnelle de la recherche. D’un autre côté, elle se demandait si les chercheurs doivent assumer la responsabilité du transfert des connaissances et s’il ne faudrait pas les accompagner dans cette démarche. Il y a lieu, précise-t-elle, d’améliorer les interfaces entre les chercheurs et les utilisateurs des données de recherche. (télécharger la présentation PowerPoint [8 Megs])
Pour Emmanuel Felipe, de la Direction du transport à la Ville de Montréal, certaines mesures du Plan de transport de la Ville de Montréal devraient influer sur les constats de l’étude touchant les impacts de la circulation sur la santé[I1]. La recherche de Patrick Morency montre que, sur le territoire de l’île de Montréal, il y a presque autant de sites d’accidents que de blessés de la circulation. Pas d’intersection de la mort conséquemment, mais un danger diffus à juguler. Le nombre d’accidents par site augmente toutefois en fonction de la densité du trafic. M. Morency a en outre répertorié une panoplie de mesures d’apaisement de la circulation. Selon le fonctionnaire municipal, le Bureau de la sécurité routière prévu par le Plan de transport et les plans de gestion des déplacements gérés par les arrondissements auront des effets positifs sur la sécurité des piétons et des cyclistes montréalais. (télécharger la présentation PowerPoint [3.5 Megs])
Les pistes qui mènent à l’action
Pour les participants à la rencontre Recherche en actions, il ne fait donc pas l’ombre d’un doute : la recherche peut se conjuguer à l’action. Et comme s’il y avait encore besoin d’une démonstration, en plénière, Florence Juncas-Adenot Chantal Gagnon, et André Portier en ont rajouté. La première, professeure et chercheure au département d’études urbaines et touristiques à l’Université du Québec à Montréal, a parlé de la nécessité de créer des groupes de travail qui « mixent » leur expertise et qui abordent des questions et des besoins précis. La seconde, directrice du service Environnement et développement durable à la Ville de Montréal, a souligné la nécessité d’améliorer le dialogue entre la recherche et l’action sur la base de 3 thèmes en lien avec l’aménagement urbain : l’accessibilité physique, la sécurité et la santé. Quant à André Porlier, il ne se prive pas de dire que, pour un organisme de pression, la crédibilité de la recherche est d’un grand secours. Directeur général du Conseil régional de l’environnement de Montréal, il note également que, dans les projets d’aménagements urbains, les enjeux sur la santé servent de plus en plus à établir des critères à respecter et ne sont plus traités comme des contraintes.
Le travail se poursuivra a indiqué le responsable du secteur Environnement urbain et santé, le Dr Louis Drouin. C’est un dossier à suivre…
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